C’est reparti pour une nouvelle saison qui s’annonce dense en décibels et riches en frissons live. Alors que les températures remontent et que les agendas culturels se remplissent plus vite qu’un concert d’Aya Nakamura à Bercy, le moment est venu de faire le tri parmi les centaines d’événements annoncés. Spoiler alert : il y a du très lourd au programme. Que vous soyez team pogo ou chill sur transat avec bière artisanale, voici le guide des concerts à ne surtout pas manquer cette saison.
Orelsan en festival pour une dernière danse ?
On sait que le rappeur originaire de Caen aime soigner ses sorties. Après l’énorme succès de son album Civilisation et une tournée marathon qui a retourné les Zéniths et festivals l’an dernier, Orelsan revient cet été pour une poignée de dates exclusives. Il est notamment programmé à Vieilles Charrues et au Main Square Festival. Est-ce l’occasion de boucler la boucle avant de passer à une nouvelle ère ? Probablement. En tout cas, le show risque d’être mémorable, avec sa scénographie millimétrée et ses tubes générationnels. À ne pas rater, surtout si vous avez raté la tournée précédente (courage, on ne vous juge pas).
Beyoncé a allumé la mèche : les divas partent en tournée
Après le raz-de-marée visuel et sonore du Renaissance World Tour de Beyoncé l’été dernier, les grandes voix féminines continuent de se tailler la part du lion sur scène cette saison. Dua Lipa, fraîchement revenue avec le très attendu Radical Optimism, a annoncé une tournée européenne qui passera par Paris Bercy en octobre. Quant à SZA, son passage au Zénith de Paris en juin affiche déjà complet depuis des mois. Elle est également à l’affiche du Lollapalooza Paris, pour ceux qui veulent tenter leur chance.
Ajoutez à cela le retour surprise (et très commenté) de Rihanna sur scène – rien n’est encore confirmé pour la France, mais les rumeurs enflent sur un passage par l’Accor Arena à l’automne. Gardez vos alertes billetterie activées.
L’électro française sort du studio
Vous l’avez peut-être remarqué : la scène électro française est en feu. Entre les retours de Justice, les lives explosifs de Folamour, la poésie synthétique de Thylacine et l’univers total de French 79, il y a de quoi remplir vos week-ends jusqu’en décembre.
Le duo Justice, en mode come-back avec un nouvel album Hyperdrama, attaque une tournée mondiale qui passe par Rock en Seine et la Halle Tony Garnier à Lyon. Attention, performance visuelle et sonorités abrasives garanties. De son côté, Folamour continue de mêler house groovy et vignettes feel good, avec une tournée qui l’emmène de la Cigale à We Love Green en passant par Marsatac. Bref, si vous aimez danser sous les étoiles ou perdre la notion du temps dans un club exigu, votre saison est toute trouvée.
Les mastodontes rock font de la résistance
Fans de guitare saturée et de distorsion bien grasse ? Vous n’êtes pas oubliés. Cette saison marque aussi le retour sur scène de plusieurs groupes mythiques, qui n’ont pas l’intention de raccrocher les guitares.
- Green Day célèbre les 30 ans de Dookie avec une tournée spéciale. Ils seront sur la scène du Paris La Défense Arena en juin. Oui, trois décennies. Le punk californien a vieilli comme un bon vin (ou presque).
- Metallica continue sa tournée mondiale M72 avec une escale à Lyon en juillet. Scène centrale, son 360°, et un setlist de deux soirs différents. Autrement dit : deux fois plus de riffs, deux fois plus de headbang.
- Placebo viendra distiller ses ambiances sombres et son spleen maîtrisé aux Nuits de Fourvière à Lyon. Un cadre magique pour des titres qui ont marqué toute une génération d’ados mal coiffés (dont je faisais probablement partie).
La scène francophone, toujours plus ambitieuse
Le succès d’artistes comme Stromae, Angèle ou Lomepal a prouvé que la langue de Molière pouvait rimer avec modernité, esthétique forte et productions léchées. Cette saison encore, plusieurs artistes francophones élèvent le niveau.
Je pense notamment à Zaho de Sagazan, révélation bouleversante de ces deux dernières années, qui apporte une intensité rare sur scène. Sa voix rauque et ses textes puissants prennent encore plus de corps en live. Ne la manquez pas aux Francofolies ou au Cabaret Vert.
Annonçons aussi les tournées événements de Pierre de Maere (toujours aussi délicieusement hors-norme), November Ultra, reine des balades introspectives, ou encore Jok’Air, qui affiche complet partout sans promo radio classique. Une génération qui sait parler vrai, et dont les concerts sont souvent l’endroit où tout s’embrase.
Le boom des concerts intimistes
Paradoxalement, alors que les stades se remplissent à vue d’œil, les concerts intimistes ont la cote. On n’a jamais autant plébiscité les petites jauges, les acoustiques dépouillées, les rencontres presque confidentielles entre artistes et publics. Que ce soit des concerts en appartement (le Sofar Sounds continue d’attirer des curieux), des formats “live session” en club comme au Badaboum ou des résidences éphémères à la Gaîté Lyrique, l’expérience live évolue, et se veut de plus en plus humaine, presque à contre-courant du gigantisme ambiant.
Si vous êtes du genre à préférer la proximité à la pyrotechnie, jetez un œil aux programmations de lieux comme le 1999, le Hasard Ludique, le Supersonic ou l’Institut Suédois à Paris. On y croise souvent la next gen de la scène alternative avant qu’elle n’explose (spoiler : ça va vite).
Les festivals, terrain de jeu XXL
Période estivale oblige, les festivals refont surface avec des line-ups de plus en plus ambitieux malgré le contexte économique tendu. Les gros noms sont là, mais on sent aussi une vraie volonté de défendre l’éclectisme et la diversité des scènes émergentes.
- We Love Green reste un incontournable pour les amateurs de musique et de brunchs bio. Kids Next Door, Charlotte Cardin, The Blaze, et jusqu’à DJ Snake en clôture cette année. Le tout dans un parc boisé avec une scénographie toujours léchée.
- Les Eurockéennes affichent un casting impressionnant, entre Idles, Hamza, Phoenix et Luidji. Mention spéciale pour la scène du club logé en forêt : ambiance after jusqu’au petit matin.
- Rock en Seine sort l’artillerie avec Massive Attack, LCD Soundsystem ou encore Wet Leg. C’est là que vous verrez aussi la nouvelle scène UK qui monte, et pas qu’un peu.
Un conseil d’ami : pensez à checker aussi les “petits” festivals tels que Pete the Monkey ou Le Désert Sonore, souvent plus abordables et tout aussi vibe.
Comment ne rien louper sans se perdre (ou se ruiner)
On ne va pas se mentir, entre la multiplication des dates, les billetteries qui crashent en 2 minutes et les prix qui flirtent avec la stratosphère (coucou Taylor Swift), il est de plus en plus difficile de suivre le rythme. Quelques tips si vous voulez optimiser votre saison live :
- Abonnez-vous aux newsletters des salles et festivals qui vous intéressent. Ça paraît old school, mais c’est souvent là que les préventes ou les annonces exclusives tombent.
- Utilisez Bandsintown ou Songkick. Ces applis synchronisent votre bibliothèque musicale et vous préviennent quand un artiste passe près de chez vous.
- Ne misez pas que sur les headliners. C’est souvent dans les premières parties ou en after qu’on découvre les artistes de demain. Et ça coûte moins cher.
- Réservez tôt, mais intelligemment. Gardez un budget « surprise » pour les annonces de dernière minute. Vous risqueriez sinon de passer à côté de la perle rare.
Cette saison, la scène musicale montre à quel point le live est redevenu central, presque vital. Après des années à le consommer via écrans interposés, on revient au corps, à la foule, au vrai. Peu importe votre genre ou votre budget, il y aura forcément une soirée, une voix ou une basse qui saura vous raccrocher à l’instant. Et si vous hésitez encore, posez-vous une question simple : quand c’est la dernière fois que vous avez eu des frissons au concert ? Si vous peinez à répondre, il est grand temps de retourner pogoter. Le monde ne va pas s’arrêter de tourner, mais vous, vous risquez de rater quelque chose.