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La montée en puissance des artistes francophones sur Spotify

La montée en puissance des artistes francophones sur Spotify

La montée en puissance des artistes francophones sur Spotify

Ça fait un moment qu’on l’entend monter, ce frisson qui traverse les stats Spotify quand on zoome un peu sur les artistes francophones. Peut-être que tu l’as déjà senti : ce moment où un pote envoie un son d’un rappeur belge encore inconnu, ou quand une playlist random te balance une voix douce de Montréal entre deux tubes R’n’B. Bah ce n’est plus juste un hasard d’algorithme : c’est une vraie tendance. Les artistes francophones, toutes scènes confondues, prennent de plus en plus de place sur Spotify. Et pas uniquement dans leur coin. Le monde écoute, et ça s’amplifie.

Un virage très réel dans les chiffres

En janvier 2024, Spotify publiait son bilan annuel baptisé « Spotify Wrapped for Artists ». Et parmi les données qui ont fait sourciller les observateurs, il y avait ça : les écoutes d’artistes francophones (hors France uniquement) ont connu une hausse de +38% comparé à l’année précédente. Si on ajoute l’Hexagone, on grimpe à plus de +45%. Ce qui en fait une des plus grosses croissances géographiques en Europe – devant l’allemand et même, dans certains cas, l’espagnol.

Côté streaming, il y a eu plus de 10 milliards d’écoutes cumulées pour les artistes d’expression francophone en 2023. Dix milliards. C’est plus que l’économie nationale de certains petits pays et c’est surtout un indicateur solide : l’industrie musicale ne voit plus la musique en français comme un produit local mais comme un actif globalisable.

Les visages (et les voix) de cette montée

Impossible de parler de ce phénomène sans évoquer les locomotives. En tête du peloton, on retrouve évidemment des noms comme :

Et ce n’est pas seulement une poignée d’élus. Une flopée de jeunes talents émergent directement sur Spotify en voix principale ou en featuring. Penses à Tiakola, SDM ou encore Luidji, qui récoltent des dizaines de millions d’écoutes sans passage radio massif.

L’effet des playlists et de l’algorithme

Spotify, c’est une machine bien huilée. Et dans cette montée en puissance francophone, les playlists jouent un rôle déterminant. Notamment :

C’est là qu Shopify, euh Spotify (pardon, l’habitude des newsletters) tire son vrai coup de maître : l’algorithme de recommandations. Il n’a jamais été aussi affûté pour casser les barrières de langue si un morceau entre dans une “vibe” globale. Tu fais du R&B francophone dans le style à la SZA ou Summer Walker ? Si ton son est bien fignolé, il peut très bien être proposé à un auditeur à Los Angeles. Et ça, ça change tout.

Une diaspora qui s’active (et qui compte)

Ce serait réducteur de résumer le succès des francophones sur Spotify au simple fait que l’algorithme les aime bien. Il ne faut surtout pas sous-estimer la force de la diaspora. De Montréal à Abidjan en passant par Bruxelles, Dakar ou Casablanca, les communautés francophones sont hyper connectées et très présentes sur les réseaux. Quand un titre cartonne à Bamako, il peut remonter jusqu’à Paris ou Bruxelles en quelques heures via TikTok ou WhatsApp.

C’est d’ailleurs ce qui a permis à des genres plus locaux comme l’afrotrap, la drill francophone ou le coupé-décalé urbain d’atteindre des audiences bien plus larges qu’avant. La scène ivoirienne, par exemple, explose ses scores sur Spotify Afrique, et regagne du terrain en France.

Un marché qui parle d’argent (et de long terme)

On ne va pas se mentir, derrière ce nouvel élan, il y a aussi du cash. Spotify a augmenté ses investissements marketing dans la région francophone, et ce dès 2021. Résultat, des campagnes localisées, une présence accrue sur les réseaux et des formations d’artistes à la plateforme. La sortie de Spotify Charts localisés pour la Belgique, la Suisse, le Maroc ou encore la Côte d’Ivoire a permis de suivre précisément l’évolution des tendances par zone géographique.

Et les artistes ne s’y trompent pas : ils pensent désormais leur sortie avec une logique multi-territoriale. Un album est teasé en France, mais aussi relayé en Afrique francophone, avec parfois des couv’ de playlist adaptées au marché suisse ou canadien.

Ce type de stratégie était encore rare il y a 10 ans, quand un artiste hors label devait galérer pour percer au-delà de l’Île-de-France. Aujourd’hui, un bon son bien mixé et bien fichu peut exploser à Kinshasa avant même d’atteindre les bacs de Saint-Lazare.

Et demain, on en est où ?

L’ascension actuelle des artistes francophones sur Spotify n’est pas un feu de paille. On entre dans une ère où les barrières de langue s’effritent face aux logiques d’émotion, d’esthétique et de « mood ». TikTok a forcé les plateformes à regarder davantage l’intensité de l’engagement que les frontières géographiques ou linguistiques.

L’univers musical francophone est en train de devenir une matière première comme une autre pour les creadores de contenu, les DJs américains, les fans de kiff autre-part. Et la plateforme scandinave n’a aucun intérêt à freiner cette dynamique : elle veut fidéliser les auditeurs avec des morceaux qu’ils n’auraient jamais pensé écouter. Quoi de mieux qu’un beat de Shay, un couplet de Josman ou une balade de November Ultra pour surprendre ?

En clair, si tu es artiste, la question n’est plus “Est-ce que je peux réussir sur Spotify en chantant français ?” mais “Comment j’optimise mes chances dès maintenant pour m’exporter ?”. Et si tu es auditeur… Sois prêt à entendre des voix familières dans des playlists venues d’ailleurs. La révolution est déjà en cours.

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